Karl Cook : « Monter Caracole de la Roque, c'est avoir la sensation de monter sur une fusée qui décolle »

Déjà vainqueurs du Rolex Grand Prix de Rome fin mai, l'Américain Karl Cook et l'ancienne comparse de Julien Epaillard, Caracole de la Roque, ont bien failli réitérer l'exploit au Jumping international de La Baule, toujours lors du Rolex Grand Prix. Finalement, le couple s'incline face à ses compatriotes, Kent Farrington et Greya. À l'issue de la conférence de presse, l'humble cavalier de celle que le Français surnommait « Caracool » a répondu à nos questions et évoque notamment sa relation avec la selle français de 12 ans, dont il a fait l'acquisition il y a maintenant un an et demi et avec qui il pourrait aller aux Jeux olympiques de Paris 2024.

Vous étiez le deuxième du barrage à prendre le départ et le premier à faire un parcours sans-faute qui était très rapide. À ce moment, pensiez-vous que vous pouviez gagner ? 
J'adorerais dire que je savais que je pouvais gagner, mais honnêtement je n'y pensais pas. J'ai vu le tour de Max (Kühner, 8 points avec Elektric Blue P, ndlr) qui a tenté de prendre tous les risques, mais pour qui ça n'a pas marché. Donc, quand je suis arrivé en piste, j'ai tenté ma chance en misant davantage sur la sécurité. En plus, je savais qu'avec les cavaliers qui arrivaient derrière moi comme Kent (Farrington, vainqueur avec Greya, ndlr) ou Martin (Fuchs, 4 points avec Leone Jei, ndlr), j'avais du travail. 

« Les Jeux seront un objectif cette année »

Quel bilan tirez-vous de votre première venue à La Baule ? 
Je ne pourrais pas être plus heureux du comportement de Caracole. J'ai toujours voulu venir à La Baule. Avec un entraîneur comme Eric Navet, forcément cet endroit a une signification particulière. Il Il m'a raconté plein d'anecdotes sur ce terrain. C'est là qu'Eric a célébré la carrière et la mise à la retraite de Quito de Beaussy, où il l'avait lâché en liberté dans le stade. 

Il y a deux semaines, vous remportiez le Rolex Grand Prix de Rome. Cette semaine, vous êtes deuxième du Rolex Grand Prix de La Baule. Avez-vous les Jeux olympiques de Paris dans un coin de votre tête ?
Bien sûr, les Jeux seront un objectif cette année. Mais pour l'heure, mon travail consiste à faire des parcours sans faute et me concentrer là-dessus. On verra et on fera le point au moment de la sélection, qui revient au chef d'équipe, Robert Ridland. J'estime que le positif attire le positif, donc j'essaie de garder un état d'esprit positif pour atteindre mon but. 

Après leur victoire à Rome, Karl Cook et Caracole de la Roque terminent deuxièmes à La Baule. © PSV

« Caracole sait vous faire comprendre ce qu'elle n'aime pas »

Parmi les grands rendez-vous avant Paris, il reste de beaux concours comme Rotterdam, qui se déroule sur le sable, et Aix-la-Chapelle, avec son immense stade en herbe. Sur quels concours vos choix se portent-il ? 
Aller à Rotterdam signifierait peut-être un peu tirer sur la corde. C'est dans une dizaine de jours et Caracole a déjà bien tourné à Rome, puis ici à La Baule. Peut-être que j'irais à Aix-la-Chapelle, mais nous devons en discuter avec Robert Ridland. 

Vous semblez avoir réussi à établir une relation très forte avec Caracole. À la manière dont vous la montez, on croirait presque que c'est facile. Comment avez-vous fait pour construire cette connexion avec elle ? 
Quand elle est arrivée chez moi, j'ai passé énormément de temps à regarder des vidéos d'elle avec Julien Epaillard. J'ai regardé absolument toutes les vidéos que je pouvais. Je sais très bien que je ne la monterai jamais comme Julien, mais j'avais besoin de récolter le plus d'informations possibles sur la manière dont elle aimait être montée. Au début, on avance à tâtons. Mais l'avantage avec Caracole, c'est qu'elle sait très bien vous faire comprendre ce qu'elle n'aime pas et ce qu'elle ne veut pas (rires)
Monter Caracole, c'est un peu avoir la sensation de monter sur une fusée qui décolle. Vous ne pouvez pas l'arrêter. Alors évidemment, quand vous la montez, la première chose qui vous vient à l'esprit est de la laisser aller et faire, et l'aider. De toute façon, elle saute mieux que moi et tourne plus vite que moi (rires). La priorité avec elle, c'est surtout de rester en selle parce qu'elle connait parfaitement son travail. 

« Il nous a fallu du temps pour nous comprendre »

Qu'a-t-elle changé chez vous en tant que cavalier ? 
Cette question est très intéressante. Mon autre jument, Kalinka van't Zorgvliet, baie aussi, très énergique, dynamique et très rapide, a beaucoup de points communs avec Caracole. Avec elle, je dois aussi me tenir au-dessus de ma selle, mais mes épaules sont beaucoup plus en avant. J'adopte notamment cette posture parce qu'elle est petite. Avec Caracole, je suis au-dessus de ma selle, avec les mains plus hautes et le buste plus redressé. Mes étriers sont réglés de la même taille sur Kalinka et Caracole, mais comme Caracole est un peu plus ronde, mes jambes sont un peu plus fléchies, ce qui me donne la sensation d'être chaussé plus court. Est-ce que ça donne l'impression d'être plus en sécurité ? Non, clairement pas. J'aimerais pouvoir m'asseoir dans ma selle, mais ce n'est pas comme ça que ça marche avec Caracole. Il m'a fallu du temps pour qu'elle et moi trouvions notre place ainsi. 

Elle a besoin de sentir que vous êtes là, mais que vous ne la dérangez pas, c'est ça ? 
Exactement. Elle est très réactive. Il nous a fallu du temps pour nous comprendre et apprendre à communiquer ensemble. Lorsque vous lui demandez de tourner, si vous le faites trop fort, le temps que vous réalisiez que vous êtes en train de tourner, elle a déjà presque fait demi-tour. Vous n'avez pas besoin de forcer pour lui faire une demande. Elle est très réactive, elle fait tout, tout de suite. Vous n'avez pas besoin de lui demander deux fois. C'est tout un tas de codes qu'il faut prendre le temps de mettre en place avec chaque cheval. 

« Ce n'était pas à elle de s'adapter »

J'imagine que vous avez du avoir quelques surprises au début quand vous la montiez ?
Oui, il m'arrivait, sur des séances sur le plat, de vouloir aller tout droit et de sentir la jument tourner. Je lui disais « Mais pourquoi tu fais ça ? ». Au final, c'était moi qui, dans mes mains ou mes jambes, n'était pas assez stable. Elle comprenait une demande de ma part de tourner. Donc il a fallu que j'apprenne à la comprendre. Elle connait tellement bien son travail que ce n'était pas à elle de s'adapter.

Retrouvez les résultats du Rolex Grand Prix du Jumping international de La Baule en cliquant ICI.

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