Julie Simonet : « Depuis le début, on sait que Sursumcord'Or est un cheval exceptionnel »

Avec son fidèle Sursumcord'Or, Julie Simonet a participé à Luhmühlen, et à seulement 22 ans, à son tout premier CCI5*-L, dont elle termine dix-huitième après un cross sans faute aux obstacles et un hippique où son hongre de 18 ans ne touche pas la moindre barre. À peine rentrée d'Allemagne, elle revient sur cette première expérience du plus haut niveau mais aussi sur la folle histoire de ce cheval avec qui elle a construit sa carrière.

Félicitations pour cette super performance à Luhmühlen dans des conditions météorologiques pas toujours évidentes. Pouvez-vous revenir sur ces conditions et expliquer en quoi elles ont compliqué votre tâche ? 
Côté météo, ça avait bien commencé. Mais le jour du cross, il s'est mis à pleuvoir énormément presque au moment pour moi d'aller dans la boite de départ. Je me suis dit qu'ils allaient faire une pause et qu'on n'allait pas partir tout de suite. Ils ont commencé le décompte et je me suis dit « Ah non, il faut y aller » (rires). Sur la vidéo, on ne le voit pas trop, mais il pleuvait vraiment fort.
Je n'avais pas prévu l'équipement adéquat pour ces conditions. Mes rênes glissaient beaucoup et le terrain, même s'il était bon, était un peu ferme. Par conséquent, la pluie ne rentrait pas dans le sol et faisait comme une couche d'eau en surface du sol, le rendant glissant. Même si j'aurais aussi pris des pénalités de temps sous le soleil, je pense que j'en aurais pris moins. Cédric Lyard, qui est tombé, m'expliquait qu'il essayait de se raccrocher comme il pouvait mais il glissait sur sa selle, qui était devenue une savonnette. 

« Je n'avais jamais sauté d'obstacles aussi gros et techniques »

Malgré ces mauvaises conditions, il semblait sur les vidéos vous voir dérouler avec Sursumcord'Or un parcours assez fluide. Est-ce aussi le ressenti que vous aviez en selle ? 
Franchement, ça s'est hyper bien passé. Tout ce que j'avais prévu de faire s'est déroulé comme je le voulais. C'est rare, mais je n'ai pas eu un mauvais saut. Le cheval a été super du début à la fin, il s'est hyper bien adapté à la météo compliquée. Je n'avais jamais sauté d'obstacles aussi gros et techniques. J'ai fait des CCI4*-L, mais pas les plus gros qui existent. Sursum s'est tout de suite mis sur la hauteur et ça a été fluide du début à la fin. Le parcours était vraiment bien, très axé cheval. Il y avait tout ce qu'il fallait. 

Sur la technicité et la hauteur des obstacles, qu'avez-vous monté que nous n'aviez encore jamais vu ? 
Les gués sont assez costauds, avec des entrées énormes et une suite technique. Il y avait une combinaison avec une très grosse entrée de gué et deux haies de biais derrière. En général, les biais ne sont pas mon fort, je me laisse un petit peu endormir. Je m'étais faite avoir à Vittel l'an dernier sur ce type d'obstacles. Tout était technique et gros.
Dès la première combinaison, il y avait un enchainement pointe/oxer/pointe. Franchement, la brande (branchage utilisé pour les obstacles surmontés d'une haie en concours complet, ndlr) de l'oxer atteignait bien 1,45 m et l'oxer faisait 2 m de large. L'avantage, c'est qu'on n'a pas le temps de réfléchir (rires). Côté technique, les combinaisons tournent beaucoup, avec des directionnels très étroits, des gros sauts qui chahutent avant d'aller sur un directionnel. En France, on a la chance d'être bien formés sur le Grand National parce que la technique est là. Mais c'est vrai que la grosseur des obstacles n'a rien à voir. 

« J'aurais aimé faire tous les CCI5* avec Sursum »

Visiblement, rien n'a perturbé votre cheval ? 
Non, rien. Franchement, il a été incroyable. Je savais que c'était un cheval qui pouvait sauter tous les plus gros parcours. Si je l'avais eu alors que j'étais déjà un peu plus âgée ou qu'il n'avait aujourd'hui que 14 ou 15 ans, j'aurais fait deux saisons en CCI5* et j'aurais aimé tous les faire avec lui, parce qu'il est exceptionnel. Il ne se pose aucune question. Il n'avait jamais fait cela alors qu'il a déjà 18 ans et je ne l'ai pas senti hésiter une seule fois.

Avant ce parcours de cross, il avait quand même du dressage, dont vous sortez à 33,3 points. Sachant que les points montent moins vite en CCI5* qu'en CCI4*, ce résultat était-il à la hauteur de vos attentes ? 
Honnêtement, non. Mais avec le recul… En tournant sur le Grand National, je n'ai pas l'habitude d'avoir autant de grosse concurrence. Forcément, quand je suis sortie de mon dressage et que j'ai vu la note, j'étais un peu dépitée parce que la reprise était correcte et habituellement j'ai de meilleures notes. Ensuite, au vu de mon classement à la fin de l'épreuve (dixième, ndlr) et des notes des autres, qui ne sont pas non plus montées très haut, j'étais contente. Je me suis retrouvée à 3 points des meilleurs. 

« Je suis hyper contente de la forme dans laquelle il était »

Sur l'hippique, vous cumulez 6 points de pénalités. À quoi sont-ils dus ? 
J'ai fait un refus ! Le cheval était super, mais c'est vrai que c'était la première fois que j'avais monté la veille un cross aussi long. Je suis partie un tout petit peu en-dessous du rythme. Je n'ai pas osé le bousculer alors que j'aurais peut-être dû avancer un peu plus au début du parcours. Comme il sautait très bien, je suis restée un petit peu confiante sur ce rythme. Il y avait sur le parcours une ligne spa/triple, qui se faisait en six foulées en avançant. Sursum a sauté fort la spa et je me suis retrouvée trop loin en entrée de triple. Forcément, ça ne pouvait pas passer. Je suis revenue et il a sauté incroyablement bien tout le parcours. J'étais un peu déçue de ça, mais je suis quand même hyper contente de la forme dans laquelle il était. 

Ces petits couacs font partie de la prise d'expérience… 
Oui, ça m'apprend à me bouger. Maintenant, je sais que je ne peux pas monter ça comme un parcours de Pro Elite et qu'il faut que je l'aide un peu plus. 

Julie Simonet, toujours avec Sursumcord'Or, lors du cross indoor de Bordeaux. © PSV

« On a pris le temps de construire notre relation »

Quand on regarde l'histoire entre vous et ce cheval, elle est assez folle. Vous êtes partis de rien, vous débutez en Amateur 4, et vous arrivez au plus haut niveau de votre sport. Quel regard portez-vous sur ce que vous vivez avec ce cheval ?
C'est exceptionnel. C'est un cheval de famille, il a débuté avec ma mère. Ensuite, on est repartis de zéro tous les deux. Depuis le début, on sait qu'il est un cheval exceptionnel. Il m'a permis de faire de magnifiques choses. Déjà, les championnats d'Europe Juniors étaient incroyables. Ensuite, on est passés en Jeunes cavaliers, puis en U25 et là on arrive en CCI5*. C'est le cheval d'une vie, il est fantastique.
On se connait par cœur et forcément quand on l'a acheté, on ne l'a pas acheté pour faire du CCI5*. Qu'il en arrive là et qu'il fasse ça aussi facilement, c'est génial. Je suis tellement fière de lui. Aussi, il n'a jamais eu le moindre problème de santé. Il est au top de sa forme et quand les gens le voient, tout le monde me dit que ce n'est pas possible qu'il ait 18 ans, qu'il est magnifique. C'est aussi pour ça que je ne me vois pas l'arrêter maintenant. Il se laisserait dépérir, il adore ce qu'il fait. 

Comment expliquez-vous cette longévité ? 
Déjà, je suis très fière qu'avec mes parents, nous ayons réussi à le maintenir en si bonne forme. C'est sûr que ce n'est pas un cheval sur lequel on a tiré. Il n'a pas fait du CCI4* à 8 ans. On a pris le temps de le construire, de construire la relation avec moi. Je ne dis pas que c'est la meilleure chose à faire, mais je pense que s'il en est là aujourd'hui, c'est parce qu'on a pris le temps et qu'on n'a jamais tiré dessus. 

« Ce serait génial de pouvoir faire Pau »

J'imagine qu'il va avoir droit à un repos bien mérité. Avez-vous prévu un retour en concours d'ici la fin de l'année ? 
Oui, là il a une pause. Actuellement, il est au pré avec ses copains mais il n'a pas l'air de vouloir se reposer. Quand j'en prends un au pré, il vient de suite à la porte l'air de dire « Bon, et moi ? » (rires). J'ai le CCI5* de Pau en tête, à condition qu'il aille bien et qu'il récupère bien. Ce serait génial de pouvoir faire Pau. Je ne voulais pas trop débuter là-bas parce que c'est vrai que c'est chez moi. C'est une pression supplémentaire, avec tout le monde qui viendrait me voir. Là, j'ai vu qu'on était capable de monter ce genre d'épreuve. Je sais ce qu'on doit améliorer, j'ai vu à quoi ressemblait un CCI5* et je pense pouvoir me préparer un peu mieux que ce que j'ai fait là pour pouvoir être performante. 

Irait-il se remettre en jambes avec une épreuve « facile » avant ? 
J'aimerais bien, mais les transports le « sèchent » beaucoup et je n'ai pas envie de lui imposer encore un long voyage. Par chez moi, il n'y a pas beaucoup de concours complets. S'il y a une Pro 3 ou une Prépa Pro, pourquoi pas. Mais je pense continuer de l'entrainer à la maison tranquillement. Il connait son métier, j'ai juste à le maintenir en forme. Si je peux, j'irais à Pau, sinon on verra. 

« La chance d'avoir deux exceptionnels chevaux de 5 ans »

Même si Sursumcord'Or est encore bien vaillant, préparez-vous déjà la relève ? 
J'ai deux chevaux de 5 ans que j'estime beaucoup et que j'ai depuis environ six mois. Il y a Jupiter d'Orchies. C'est une petite bombe, je pense qu'il a énormément de potentiel. Il a classé toutes ses sorties pour l'instant. C'est un hyper bon élève, il sait tout faire. L'autre s'appelle Just Un Cap Koadig, surnommé Justin, qui peut aussi être un vrai cheval d'avenir. Plusieurs personnes m'ont déjà dit qu'il était mon futur crack pour aller à Badminton, mais c'est encore un grand bébé qui a besoin de finir de grandir. Mais j'ai cette chance d'avoir deux exceptionnels chevaux de 5 ans, qui m'appartiennent. Donc tant que le besoin ne se fera pas sentir, ils resteront chez moi. 

Retrouvez les résultats complets du CCI5*-L de Luhmühlen en cliquant ICI.

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