Gaspard Maksud : « Zaragoza a toutes les capacités pour gagner Badminton ou Burghley »

https://www.chevalmag.com/wp-content/uploads/2024/09/Gaspard-Maksud_ZARAGOZA-II_DBHT_PN24_166415-scaled.jpg

À Burghley le week-end dernier et pour sa première participation à ce mythique CCI5*-L, Gaspard Maksud a terminé à la sixième place avec Zaragoza. En plus de réaliser la meilleure performance tricolore, il décrochait également la palme du meilleur « beginner » (terme employé pour désigner les cavaliers qui participent pour la première fois au concours). Le Français, installé outre-Manche depuis onze ans, et depuis un an chez Coombelands Equestrian à Pulborough, revient sur sa performance et évoque la gestion de ses deux piquets de chevaux.

Félicitations pour cette sixième place à Burghley avec Zaragoza. Vous vous êtes parfaitement lancé dans la compétition puisque vous décrochiez une très belle note sur le dressage, avec 26.8 points (dixième au provisoire, ndlr). Sur vos précédentes sorties internationales cette saison, vous tourniez généralement autour des 30 points. Avez-vous changé quelque chose dans votre travail sur le dressage ?
C'est une jument qui est quand même assez chaude, du coup je ne la monte pas toujours en pression sinon elle peut un peu exploser. De temps en temps, je la monte de façon qu'elle soit plus relâchée donc on va chercher moins de points. Par contre, quand il y a besoin, comme sur de grandes échéances, j'essaie de la monter un peu plus en pression pour aller chercher quelques points supplémentaires. À Burghley, je l'ai montée un peu plus vers l'avant mais ça m'oblige en fin de test à faire plus attention parce qu'elle devient un peu chaude.

« D'ici un an ou deux, elle terminera le parcours encore plus vite »

L'ambiance et le public ne l'ont pas trop impressionnée ?
Non, mais c'est vrai qu'il y avait plus de bruit le vendredi après-midi que le jeudi matin (rires). Quand je suis arrivé sur l'arène, j'étais juste après une pause donc il y avait un peu de bruit dans les gradins. Elle s'est un peu demandé ce qu'il se passait, mais elle est redescendue en pression.

Sur le cross (où le couple n'accuse que 3.6 points de temps, ndlr), comment s'est comportée Zaragoza ?
Très bien ! On dit toujours que les chevaux s'endurcissent après quelques CCI5* et que plus ils font de formats longs, plus ils s'endurcissent. Je pense que d'ici un an ou deux, elle terminera le parcours encore plus vite. Pour Burghley, puisqu'elle et moi n'avions pas d'expérience à ce niveau-là, sur ce concours-là, il fallait gérer d'un côté en allant le plus vite possible mais tout en faisant le nécessaire pour avoir suffisamment d'énergie pour la fin.

Vous aviez couru le CC5*-L de Badminton en mai dernier (avec Kan-Do 2, ndlr). Quelles différences avez-vous notées entre Badminton et Burghley ?
Burghley est gros et vallonné. On ne galope jamais sur le plat. Techniquement, je dirais que Burghley est beaucoup plus clair que Badminton pour les chevaux. Ils savent ce qu'ils doivent faire et sauter. Mais c'est vrai que physiquement, c'est un autre step pour les chevaux. Toute la mise en condition qui est derrière est primordiale. Même avec un cheval très dans le sang, s'il n'a pas la condition appropriée, c'est difficile d'aller au bout.

« Le cavalier faisait la sieste avant le numéro un »

Vous parliez de garder de l'énergie pour la fin. Comment était Zoé (surnom de Zaragoza, ndlr) le lendemain de ce cross ?
Elle était vraiment top. J'ai fait un petit saut le matin, elle était fraiche et allante. On avait Xavier (Le Goupil, ndlr), le vétérinaire fédéral, sur place. C'est vrai qu'il fait du bon boulot. On donne à nos chevaux les meilleurs soins possibles et avoir Xavier sur place est un plus pour que les chevaux récupèrent du mieux possible.

Sur l'hippique, vous faites un parcours à 4 points sur le numéro un. Comment expliquez-vous cette faute ?
Alors je dirais qu'il faut en vouloir au cavalier, qui faisait la sieste avant le numéro un. Il s'est réveillé après. J'arrive sur le numéro un, je tire, je tire, je tire… Forcément je perds le galop, je n'ai plus d'impulsion donc je prends le numéro un. Tout de suite après, je repars de l'avant et elle saute bien. C'est complètement ma faute. Je me suis ressaisi tout de suite, ça m'a remis dedans et elle a très bien sauté le reste. Une barre est toujours dommage, sur le numéro un ou le dernier c'est encore pire. Au final sur l'ensemble du concours, Zoé était top et surtout, elle montre qu'elle peut faire encore mieux que ça.

« J'ai toujours pensé qu'elle irait bien à Burghley »

Le fait de la voir si à l'aise sur ce CC5* réputé comme le plus gros du monde vous donne-t-il l'envie d'orienter sa carrière sur ce type de format ?
J'ai toujours pensé que les tours un peu plus gros l'aident. Elle respecte un peu plus les obstacles, elle a la galopade qui va avec. J'ai toujours pensé qu'elle était une jument qui allait bien à Burghley. Après il y a une différence entre le penser et le faire. Je pense que l'année prochaine, j'orienterai plus sa saison sur Badminton et Burghley. Après, on verra. Mais elle a toutes les capacités pour gagner un de ces CCI5*. Il faut évidemment que tout aille dans le bon sens et que la chance soit de notre côté. Je pense qu'on est tout à fait capable de faire un podium à ce niveau-là aussi. Pour les propriétaires aussi ça vaut le coup parce qu'il commence à y avoir un peu d'argent à gagner.

« Spirit's Gemini devrait viser les CCI5* l'année prochaine »

Outre Kan-Do 2 et Zaragoza, vous avez également Spirit's Gemini et Just Perfect qui ont fait leurs débuts en CCI4*-S. Qui sont-ils et quels objectifs visez-vous avec eux ?
Ces deux-là vont aller à Blenheim (du 19 au 22 septembre, ndlr). Just Perfect va faire l'épreuve réservée aux chevaux de 8 et 9 ans. C'est un réformé de courses que sa propriétaire avait acheté pendant le Covid. Il a commencé le complet il y a trois saisons, c'est la deuxième qu'il fait avec moi. Il a progressé gentiment, il commence à arriver sur le niveau 4*. Comme il a encore une grosse marge de progression, c'est vrai que c'est un cheval très intéressant. Comme c'est un ancien cheval de course, il est rapide sur le cross. C'est un cheval d'avenir. Spirit's Gemini est un cheval qui était chez moi avant, qui est parti chez un autre cavalier et qui est revenu me voir. Lui fera le CCI4*-L de Blenheim. Si tout se passe bien, il devrait viser les CCI5* l'année prochaine.

Il serait le troisième cheval de CCI5* dans votre piquet. Ça n'est pas rien…
Non, j'en aurais toujours deux parce que j'ai vendu Kan-Do 2.

« Je compte garder mes deux piquets de chevaux »

En plus de vos chevaux de concours complet, vous menez aussi une belle carrière en saut d'obstacles. Avec Ballypatrick Tiberius notamment, vous classez régulièrement sur des épreuves à 1m45/1m50. Comment gérez-vous ces deux piquets différents ?
Comparé au début d'année, j'ai diminué le nombre de chevaux que j'avais aux écuries. Je n'en ai plus que douze. C'est beaucoup plus gérable au quotidien. J'ai à peu près moitié de chevaux de complet et moitié de chevaux d'obstacle. En complet, j'en avais deux de CCI5*, deux de CCI4* et deux chevaux de 7 ans. Ce sont des chevaux d'un niveau intéressant.
En obstacle, j'ai Tobby (surnom de Ballypatrick Tiberius, ndlr), une bonne jument de 7 ans que je devrais vendre bientôt et des jeunes derrière. J'ai des propriétaires avec quelques chevaux pour du commerce. C'est vrai qu'avoir deux piquets différents c'est sympa aussi. Les chevaux d'obstacle sont plus faciles à gérer au quotidien. Je suis beaucoup en concours, mais c'est vrai que c'est une ambiance différente. En obstacle, une fois que tu as terminé ton parcours, tu n'as pas le cross à aller marcher, disons que c'est plus reposant (rires).

Ferez-vous à un moment donné un choix entre ces deux disciplines ?
Pour le moment, je compte garder les deux piquets. C'est vrai que j'ai un très bon cheval d'obstacle, ça aide à rentrer un peu dans la discipline. Il a toutes les capacités pour faire des épreuves à 1m60. Peut-être qu'un jour il sera vendu, mais ce n'est pas dans les esprits en ce moment. Ça permet de se faire plaisir et de prendre de l'expérience à ce niveau-là. Peut-être que d'autres arriveront après, on ne sait jamais.

×