Entretien avec Déborah Bardou, présidente de la Commission bien-être au sein de la FFE

Déborah Bardou est présidente de la Commission bien-être au sein de la FFE. Cette ingénieure scientifique aborde l'ensemble des sujets qui se cristallisent sur cet enjeu majeur par lequel passe le salut de l'équitation sportive et de loisir.

Avant d'en venir à l'échange proprement dit, il convient de vous présenter Déborah Bardou en retraçant à grands traits la première partie d'un parcours très dense. Son cursus universitaire en éthologie, c'est-à-dire l'étude du comportement animal, débute à Paris XIII pour se poursuivre à l'université de Rennes I, où elle intègre l'équipe de Martine Hausberger, au sein du laboratoire EthoS. Elle y valide son master par un sujet de stage portant sur le cheval.

Pourvue d'un bagage scientifique, la jeune femme ne s'arrête pas là et entame à l'IUT d'Alençon une licence professionnelle management et gestion de la filière du cheval. Son dessein est de comprendre le fonctionnement de cette filière à travers ses différents acteurs, et de cerner le rôle occupé par chacun d'eux. Pour valider sa licence professionnelle, Déborah Bardou débute en 2015 une collaboration avec le Haras de La Cense. Elle fait ainsi son entrée parmi les acteurs du milieu équestre et établissant un lien avec celui de la science. La suite constitue l'amorce de ce grand entretien...

Déborah Bardou © PSV

« J'ai pris par à une expérience formidable sur les boxes sociaux pour les étalons »

Cheval magazine : Quel était votre projet de fin d'études au Haras de La Cense ?
Déborah Bardou : Il s'agissait en fait de monter une nouvelle formation dont l'objet principal était la vulgarisation des connaissances principales en éthologie. Ceci ne devait être qu'un petit événement « éphémère », proposant une formation à la journée à des personnes désireuses de connaître le cheval, son comportement, etc. Ce concept a reçu un tel accueil qu'il est devenu pérenne et fait aujourd'hui partie des formations commercialisées par La Cense. À raison de deux à trois week-ends par an, je continue de les animer.

CM : Vous avez ensuite été travailler en Suisse avant de rejoindre la FFE.
DB : 
En effet, j'ai rejoint le Haras d'Avenches et intégré son équipe scientifique pour y faire de l'ingénierie de recherche. Il s'agissait de travailler sur l'analyse de vidéos, de statistiques, bref de la vulgarisation. J'ai également pris part à une expérience formidable en travaillant sur le projet des boxes sociaux pour les étalons. En l'occurrence, il s'agit de parois adaptées leur permettant d'interagir entre eux. Le but était de voir ce que ce nouveau dispositif pouvait leur apporter, considérant qu'on prive généralement les étalons de contacts. Je suis rentrée en France, nous étions alors en 2016, année où le bien-être animal devenait un sujet de premier plan notamment au sein de la FFE qui créait un poste de responsable de bien-être animal. Je me suis portée candidate, j'ai été retenue, et l'ai occupé pendant cinq ans.

« On part de données scientifiques vérifiées et non de croyances »

CM : Et désormais que faites-vous ?
DB : 
J'ai rejoint la fonction publique et passé le concours permettant d'accéder au poste de technicien en santé et protection animale. J'ai intégré les services de l'État qui font des contrôles sur le terrain pour s'assurer que la réglementation est bien mise en œuvre. J'ai été en poste dans l'Oise, et j'ai demandé, il y a un peu plus d'un an, une disponibilité pour rejoindre les équipes de la chaire bien-être animal. Il s'agit d'un organisme national créé par convention entre le ministère de l'Agriculture et VetAgro Sup (ENV de Lyon, NDLR) où il est basé.
Son but est de faire de la vulgarisation scientifique afin de promouvoir des techniques d'élevage les plus respectueuses possibles envers les animaux. On ne parle pas que de cheval mais il en fait partie. Il s'agit aussi d'améliorer la connaissance du grand public sur les animaux. Pour cela, on part de données scientifiques vérifiées et non pas à partir de « on dit » ou de croyances. Et je continue de collaborer avec la FFE.

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