Dressage : Améliorer le portant du galop

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Bertrand Liegard, cavalier international et membre de l'équipe de France de dressage, s'attarde cette fois sur la qualité du galop, et notamment l'amélioration du portant en vue de travailler les pirouettes au galop.

Dans l'optique d'améliorer la locomotion du cheval et l'exécution des mouvements, le cavalier de dressage Bertrand Liegard se penche sur la qualité du portant au galop. Après avoir détendu votre cheval, attardez-vous sur des déplacements latéraux, que cela soit au pas, au trot ou au galop. De quoi chauffer toutes les articulations de
votre cheval avant de lui demander de reporter beaucoup de poids sur les postérieurs dans le travail demandé. « Pour améliorer le portant du galop, on va demander au cheval de mettre beaucoup de poids sur l'arrière-main. Il faut donc qu'il soit prêt à le faire. Plutôt que d'avoir entre 60 et 70 % du poids sur l'épaule, on va le reporter sur les hanches, voire un peu plus comme dans une pirouette au galop », précise Bertrand. Il ajoute ensuite : « Avant de travailler le portant du galop, le cheval doit être dans un bon contact, dans les aides et être avancé sur les appuyers au galop. »

Le dresseur poursuit son propos. « C'est un équilibre judicieux entre mains et jambes pour que le cheval continue de galoper. Ce qui n'est pas facile lorsque l'on travaille la portance du galop, c'est de ne pas perdre la qualité du galop. Le cheval doit galoper dans le mouvement. »

La portance dans le galop, quèsaco ?

Mais la portance dans le galop, c'est quoi exactement ? « C'est quand le poids qui est censé être plutôt sur les épaules d'un chevalva se reporter de plus en plus vers l'arrière- main pour aller de plus en plus vers les figures du rassembler comme le piaffer, les pirouettes. C'est toujours ce jeu d'équilibre qui nous permet de mettre du poids là où on le veut. On va demander au cheval de venir mettre beaucoup plus de poids sur les postérieurs et même sur un postérieur. Donc il faut s'assurer que la musculature est capable de porter ce poids. »

Portance VS rassembler

La différence entre le galop rassemblé et le galop portant est que l'on va chercher à ce que le cheval monte beaucoup plus l'avant-main lorsque l'on travaille la portance. On va essayer de se rapprocher de ce l'on appelait à Saumur le terre à terre. Il s'agit alors de diminuer le temps de suspension.

Ce n'est pas parce que votre cheval n'a pas le plus grand galop du monde qu'il n'est pas capable de prendre de la portance. Beaucoup d'exercices s'offrent à vous pour améliorer la qualité du galop de votre cheval comme l'appuyer sur le cercle.

Cercle de 10 m

Sur le grand côté du manège ou de la carrière, installez- vous sur un cercle de 10 m au galop. Soignez exigeant sur le tracé, ce qui vous permet de sentir comment votre cheval est dans vos aides. Sur un cercle de 10 m, vous allez forcément empiéter sur l'impulsion. Si votre cheval passe derrière vous, vous allez tout de suite le sentir. Cela peut justement être le défaut du cheval lorsque vous allez demander plus de portance : de trop se freiner alors qu'il doit toujours continuer à galoper. En cela, le cercle de 10 m est un bon test.

Lorsque vous avez travaillé sur le cercle de 10 m aux deux mains, en faisant attention à votre tracé et en ayant conservé la qualité du galop, vous pouvez demander une
épaule en avant dès la fin du cercle, sur la piste. L'épaule en avant à la sortie du cercle s'inscrit dans la continuité du travail de la souplesse du postérieur intérieur. Tout comme sur le cercle initial, l'épaule en avant va encore empiéter sur l'impulsion. Votre cheval sera un petit peu plus lent avec son postérieur intérieur. Il aura ainsi plus de facilité à créer la portance au galop.

Faites un cercle de 10m à l'issue duquel vous demandez une épaule en avant. © Thierry Ségard

Attention à ne pas trop sortir les épaules pour ne pas empiéter sur l'impulsion, restez toujours sur trois pistes. En fonction du cheval, vous pouvez mettre un peu de pli s'il est rigide. Mais gardez en tête que c'est plus une incurvation de la tête à la queue et pas juste de l'encolure. Sur l'épaule en avant, les risques sont que votre cheval passe derrière, se remonte dans sa nuque ou se redresse. Pensez toujours qu'un cheval qui est ployé sur la jambe intérieure aura du mal à se remonter et à se creuser dans le dos. Attention donc qu'il ne se remonte pas tout seul pour se creuser et perdre en locomotion.

Les aides sur le cercle et l'épaule en avant sont quasi-identiques. Votre cheval est calé sur la rêne extérieure et la jambe extérieure tandis que la jambe intérieure reçoit ce que cale la jambe extérieure. C'est ce qui crée l'incurvation de la tête à la queue. Il y a toujours un report de poids de l'extérieur vers l'intérieur. Celui-ci nous permet de mettre le postérieur à l'appui.

Vers le terre à terre

Installez-vous sur un cercle de 20 m, en incluant des transitions pour inciter votre cheval à frapper sa foulée. Commencez par des transitions discrètes dans le galop en restant sur le cercle de 20 m. Sur le cercle, on ne se rend pas compte mais le cheval doit toujours être incurvé. La courbure de l'encolure et du corps doit être égale à la courbure du cercle. L'avantage donc d'être sur un cercle de 20 m est que cela nous oblige toujours à garder une légère incurvation. C'est alors plus facile dans l'apprentissage de votre cheval comme cela, plutôt que de le garder sur une ligne droite.

Le but est d'essayer de se rapproche du "terre-à-terre". © Thierry Ségard

Demandez des transitions de plus en plus marquées. Rassemblez votre cheval qui garde la même courbure de corps alors que vous appelez de plus en plus les postérieurs sous la masse. Ces derniers doivent se rapprocher de la sangle. Votre cheval va ainsi prendre de l'élévation dans les épaules. Si votre cheval accepte d'aller encore plus loin dans la transition, rapprochez-vous du terre à terre, à la limite du galop rompu. Pour autant, vous n'y êtes pas puisque votre cheval reste dans un galop à trois temps.

C'est là que le dosage des aides est très subtil. Le cheval doit rester dans le galop sans perdre la qualité de l'allure, sans repousser le sol et en étant toujours engagé. Votre cheval va alors mettre beaucoup de poids sur un seul postérieur. Aussi, vous n'aurez plus de contact dans le bout de devant puisque tout le poids est derrière. Le risque est que le cheval repasse au pas. Cependant, ce n'est pas toujours un mal car cela permet de juger de la justesse de vos aides. Il ne s'agit pas d'agir avec un coup de talon mais plutôt d'avoir une action de jambe continue. C'est un peu comme avec un tube de dentifrice, on ne met pas un coup violent mais on presse pour que cela sorte. Il faut avoir une justesse des aides quasi-parfaite.

Vos aides doivent être justement dosées pour obtenir le résultat escompté. © Thierry Ségard

Tout ce travail est effectué dans l'optique d'aller vers la pirouette au galop.

Le conseil du coach

Ne travaillez pas tous ces exercices en une seule séance. Il s'agit d'un travail de patience. Gardez toujours la notion de galop en tête et suivez ce que votre cheval arrive à donner. S'il s'agit de deux ou trois foulées, c'est suffisant et repartez. Il ne faut pas attendre que cela soit trop dur pour votre cheval pour repartir. Il faut toujours rester pédagogue dans son apprentissage, qu'il comprenne que c'est juste un jeu d'équilibre.

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