Cindy Lojou, fondatrice du refuge SOS animaux, un toit pour la vie : « Les gens prennent des chevaux sans être conscients des obligations qui vont ave

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Gérante du refuge SOS animaux un toit pour la vie, Cindy Lojou a constaté une augmentation du nombre d'abandons cette dernière année, notamment chez les chevaux. Elle tient à sensibiliser les acquéreurs de chevaux sur l'engagement qu'un tel achat représente.

Voilà quatre ans et demi que Cindy Lojou a fondé le refuge SOS animaux, un toit pour la vie à Plufur, petit village breton situé dans le département des Côtes d'Armor. Depuis, cette maman de trois enfants recueille, soigne et offre une nouvelle vie aux animaux délaissés, abandonnés ou victimes de maltraitance. Parmi la centaine d'animaux (principalement des animaux de ferme) qu'elle héberge, elle compte dix-huit chevaux. Un nombre qui ne fait que croire, et qui a explosé cette année.

« La conjoncture économique n'aide pas »

Lorsqu'elle nous a contactés il y a quelques semaines, c'était pour nous faire part de son désarroi. Comme un cri du cœur, Cindy tient à sensibiliser les propriétaires d'animaux, et en particulier de chevaux. « J'ai de plus en plus de cas de personnes qui avaient acheté un cheval à leur enfant lorsqu'il était adolescent. Puis l'enfant grandit, il part faire ses études, il fait sa vie et les parents se retrouvent à devoir assumer le cheval alors qu'ils ont parfois 75 ou 80 ans », déplore-t-elle. Souvent, le cheval a lui aussi un âgé avancé et nécessite une attention et des soins que ces personnes ne sont pas en mesure de lui fournir.

La gérante du refuge tient à rappeler qu'un cheval représente un engagement sur le long terme, voire le très long terme. « Évidemment, la conjoncture économique n'aide pas. Mais parfois, les gens prennent des chevaux sans être pleinement conscients des obligations qui vont avec. Ils achètent le cheval aux beaux jours, c'est agréable, on en profite pleinement. Mais quand l'hiver s'installe, ils se rendent compte que c'est galère parce qu'il y a de la boue, que même s'il pleut, s'il fait du vent, il faut sortir s'occuper du cheval. »

De 3 à 32 ans

Parmi ses dix-huit pensionnaires, la gérante du refuge compte essentiellement des chevaux âgés. « La grosse moitié d'entre eux a au moins entre 20 et 25 ans », soutient-elle. Hormis une jument de 3 ans « probablement pleine à cause d'un accident de pré », tous ou presque ont plus de 10 ans. Le doyen du groupe a même fêté ses 32 ans cette année.

Certains arrivent de centres équestres, d'autres de saisies judiciaires. Pour quelques uns, c'est un accident de la vie de leur précédent propriétaire qui les a poussés à s'en séparer... Les raisons sont nombreuses, mais les conséquences toujours les mêmes. Ce sont aux associations et refuges de les assumer. Et avec les chevaux, les frais montent vite. « Quand on n'a pas d'imprévus, on est sur 1000 euros de frais d'alimentation et 1500 euros de frais vétérinaires par mois. » Ces dix-huit bouches à nourrir représentent une consommation de quarante round ballers de foin par mois et un sac de 20 kgs d'aliments concentrés par jour.

Cet été, le refuge a accueilli Billy, un poney victime de maltraitance. © Coll. privée

« Nos salaires personnels y passent »

Le refuge de Cindy étant indépendant, il ne bénéficie d'aucune aide gouvernementale. Pour régler toutes les factures, elle compte sur son salaire, celui de son mari et les dons. Mais depuis quelques années, avec l'augmentation du coût de la vie, les dons se raréfient. « On trouve des solutions, mais les trois quarts du temps, ce sont nos salaires personnels qui y passent », explique-t-elle dans un discours qu'elle ne veut pas larmoyant car « les gens donnent, mais moins souvent qu'avant ».

Récemment, elle a ouvert une cagnotte en ligne (accessible en cliquant ICI) afin de récolter des fonds pour le paiement d'une facture vétérinaire de 1700 euros. Même si son vétérinaire adapte ses tarifs et ses modalités de paiement en conséquence, ces soins représenteront toujours une part importante du coût de l'entretien de ces équidés. « En novembre, nous aurons les vermifuges à faire ainsi qu'une castration », précise-t-elle.

Le placement ? Pas si évident

Pour offrir la vie la plus paisible qu'il soit à ses protégés, Cindy tente aussi de placer dans de bonnes familles ceux « qui n'ont pas de problème de santé et pour lesquels on sait qu'il n'y aura pas de traitement particulier à mettre en place ». Mais là encore, une autre barrière limite les possibilités d'adoption ou de placement. En effet, depuis le 31 décembre 2022, toute personne non professionnelle détenant garde d'un équidé doit être en possession d'un certificat d'engagement et de connaissances.

Si sur le principe, l'idée est louable, Cindy fait remarquer que dans la pratique, ce certificat représente un frein pour les potentiels adoptants. « Il n'est pas difficile à avoir, mais les gens s'imaginent que la procédure est compliquée, que cette mesure est là pour les surveiller etc. ». Sans ce certificat, impossible pour le refuge de confier le cheval. Et si l'adoptant ne peut l'avoir chez lui et souhaite le mettre en pension, « il doit nous prouver qu'il sera logé dans un établissement professionnel avec n° de SIRET ou chez quelqu'un qui est détenteur du certificat ».

Si vous souhaitez venir en aide au refuge SOS animaux, un toit pour la vie, vous pouvez vous rapprocher d'eux via leur page Facebook.

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