
Axel Allétru : « J'ai voulu poursuivre dans le handisport ce que je faisais dans le sport »

03/28/2025 10:00 AM
Champion du monde de BMX et de motocross, Axel Allétru est devenu paraplégique à la suite d'un accident survenu en 2010 lors d'un Grand Prix. Alors que les médecins pensaient qu'il resterait toute sa vie en fauteuil roulant, il est finalement parvenu à remarcher, et a décidé de se reconvertir dans le handisport. Après plusieurs succès dans diverses disciplines, notamment en natation, il revient auprès de SPORTMAG sur son parcours, et se projette sur son prochain défi, qui le conduira sur les pavés du Paris-Roubaix Challenge le 12 avril.
Sportif de haut niveau depuis votre plus jeune âge, vous avez perdu à 20 ans l’usage de vos jambes, après une chute en motocross sur le Grand Prix de Lettonie. Qu'est-ce qui vous a poussé à reprendre le sport après cet accident ?
J’ai immédiatement voulu poursuivre dans le handisport ce que je faisais dans le sport, et rester un sportif de haut niveau professionnel. Je me suis donc lancé dans la natation handisport, parce que c’est un sport que j’aime bien, dans lequel il y a une sensation de liberté, d’être comme les autres. Ça a été un succès, je suis devenu 12 fois champion de France et j’ai gagné les Jeux Européens. Un beau rebond donc, qui confirme que j'ai fait le bon choix.
La motivation a-t-elle été difficile à trouver ?
J'ai tout de suite été extrêmement motivé, parce que l’objectif fixé était assez ambitieux. Il fallait réapprendre à nager avec les bras, et je voulais tout de suite performer. Je savais que, de toute façon, mon handicap ne disparaîtrait pas, que la moto c'était terminé. Je me suis donc impliqué à 200% dans le handisport, avec un programme spécifique.
Vous avez commencé par la natation, mais vous avez ensuite expérimenté d'autres disciplines, telles que le SSV (il s'est imposé au rallye de Dakar dans cette catégorie). Laquelle préférez-vous ?
Cela dépend des périodes. Il y en a certaines où je préfère nager, d'autres où j'ai plutôt envie de faire du buggy, ou encore de remonter sur une moto… Lorsque je me lance dans une discipline, je m'implique réellement dedans en me fixant des objectifs, donc je prends beaucoup de plaisir. J’aime particulièrement les sports individuels, donc j’essaie de privilégier ce type de disciplines. C'est dans cette optique que je remonterai sur un vélo pour le Paris-Roubaix Challenge. Un bon défi, puisque le fait que ce soit un deux roues sera exigeant, au niveau de l’équilibre notamment.
Comment avez-vous décidé de participer à cette course ?
Avant ma blessure, je faisais du BMX à haut niveau. Je n’ai jamais fait de course de vélo de route, mais le BMX reste tout de même un vélo. Puis, l’année dernière, j’ai eu l'opportunité de faire la dernière étape du Tour de France en tandem avec un malvoyant, et ça a été une super expérience. C'est à ce moment que j'ai pensé au Paris-Roubaix, qui est une épreuve mythique chez nous (il est originaire du Nord), avec ses fameux pavés. J'ai donc eu l'envie de me lancer, en embarquant cette fois des gens avec moi. J’ai ainsi créé le peloton #JEPEUX2025, qui regroupera 170 personnes. Je ne pédalerai pas seul, ce sera une aventure humaine avant tout.
Comment ce peloton a-t-il été constitué ?
L'objectif était de constituer un peloton inclusif, qui comprend des hommes et des femmes, des personnes qui ont fait du vélo toute leur vie et d'autres qui n’en ont jamais fait, des sportifs de haut niveau, des journalistes, des influenceurs… On a rassemblé toutes sortes de profils derrière moi, qui serai en tête du peloton. L’idée n’est pas de chercher une performance en allant le plus vite possible, mais d’arriver au bout de ce Paris-Roubaix tous ensemble, et profiter au maximum durant ces 70 kilomètres.
Comment vous préparez-vous physiquement à cette échéance ? Vous avez eu quelques pépins dernièrement…
Ma préparation a commencé doucement en septembre 2024. Je suis monté crescendo avec une préparation physique assez générale, après quoi je me suis davantage concentré sur le home trainer. Puis j’ai commencé à faire mes premières sorties quand le temps le permettait, pour ne pas prendre de risques. Avant, effectivement, d'attraper récemment une angine blanche bactérienne, suivie de cloques qui sont apparues sur mon pied. Je suis donc aujourd'hui de retour à la case départ, ça fait trois semaines que je n’ai pas pu pédaler. C'est frustrant, parce que je me suis préparé pendant des mois pour tout perdre en trois semaines. Mais ça fait partie du sport, il va me rester un peu plus de dix jours pour me remettre en selle sans me blesser. Je vais devoir être prudent, mais je ne suis pas inquiet dans la mesure où on ne vise pas une performance. Avec le peloton, je serai poussé par les gens, il y aura une dynamique positive.
Cette course a également un objectif solidaire…
On a estimé qu'il serait positif que tout le monde puisse pédaler pour une cause, et aller au bout de ce défi pour quelque chose. Ainsi, à chaque kilomètre parcouru par l'un d'entre nous, 1€ sera reversé à l'Institut du Cerveau. En l’honneur d’un de mes amis, Olivier Goy, qui est un des ambassadeurs de l'Institut, et qui est atteint de la Maladie de Charcot. Chaque coup de pédale sera donc effectué pour la vie. Plus les gens feront de kilomètres, plus il y aura d’argent récolté. J’espère que ça les motivera à aller au bout ! Plusieurs partenaires nous ont en tout cas rejoints, intéressés par cette cause.
Avez-vous d'autres projets prévus après le Paris-Roubaix Challenge ?
Pour l’instant, je prends les projets au fur et à mesure qu'ils se présentent. Je n’ai pas envie de brûler les étapes. Je vais commencer par terminer celui-ci, et je verrai après où le vent me mène !
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