Yoni Valverde avec panache

Le Tricolore (12 v) a été convaincant pour s'emparer, le 4 novembre, à Charleville-Mézières, de la ceinture IBO youth des super-plumes en venant à bout, aux points (97-93, 99-91, 96-94), du fougueux Mexicain Luis Ronaldo Ruelas (14 v, 2 n, 3 d). Une prestation prometteuse.

Comme on pouvait s'y attendre, le visiteur débutait les hostilités sans état d'âme, avec des frappes sèches qui ne faisaient pas pour autant reculer le Français, très vigilant défensivement et qui remisait sans prendre de risque… avant de produire une belle accélération à l'entame du second round. Cela avait pour effet de calmer ponctuellement les ardeurs très belliqueuses du Latino. Mais ce dernier repartait de plus belle en se montrant incisif et en avançant sans discontinuer.

L'Ardennais inquiétait quelque peu ses fans en se faisant manipuler l'épaule droite lors des minutes du repos à partir dès la quatrième reprise. Et ce, alors qu'il n'était nullement dominé et, qu'au contraire, il prenait la mesure des assauts de son contradicteur grâce à sa formidable vista. En effet, il tournait, remisait avec une précision diabolique et esquivait à satiété en veillant à conserver une garde hermétique. Le tout en tenant la cadence, en clair, en étant actif dans toutes les positions mais sans être brouillon. Bref, du grand art. « Yoni, tu es champion, si tu le veux ! N'accepte pas la bagarre et monte en pression ! », l'enjoignait avec pertinence son coin.

« Aller ou beaucoup de boxeurs français n'ont pas pu aller »

De fait, le Mexicain était, à l'évidence, en panne de solution. Il chargeait tel un bélier frappant sans discernement, beaucoup de ses attaques étant bloquées et trouvant les gants de son opposant. Le dernier tiers de la confrontation virait à la démonstration du local. Des séries supersoniques des deux mains grâce à une vitesse gestuelle remarquable, des uppercuts d'école, de la souplesse du buste alliée à un sens du déplacement subtil : la panoplie était un plaisir pour les yeux et révélateur d'un QI boxe des plus complets en dépit du jeune âge - 22 ans - du protagoniste.

Frustré, Luis Ronaldo Ruelas persévérait en attaquant de plus belle mais il ne faisait que donner du grain à moudre à Yoni Valverde qui faisait valoir son aisance gestuelle et parfois, disons-le, sa classe. Durant les trois dernières minutes, l'orgueil du Français prenait le dessus et il se muait sciemment en bagarreur, quitte à s'exposer mais sans grand danger. Mieux, sur un crochet gauche, il était tout près d'envoyer au tapis son valeureux rival. Qu'importe, l'essentiel était acquis depuis longtemps. « On a montré que les Français pouvaient être au-dessus de certains Mexicains, se félicitait le vainqueur. Nous aussi, nous savons boxer à la manière française, avec intelligence. En ce qui me concerne, je veux aller ou beaucoup de boxeurs français n'ont pas pu aller. »

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